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Les aventures de Llynn
11 mars 2011

Chapitre 2 / 2ème partie

Toujours est-il que la classification des cailloux étant somme toute peu captivante, j’y ai renoncée ainsi qu’au comptage.

 

*     *     *

 

Enfin, quelque chose vient rompre la monotonie du voyage, mais je ne suis pas sûr que ce soit si bien que ça.

 

Il s’agit du vent.

 

C’est toujours comme ça quand nos deux lunes, Xorr et Wyxorr, sont alignées dans le ciel à minuit. Le Qzurr se lève de la veille jusqu’au lendemain. Deux jours d’enfer…

 

*     *     *

 

Les raisons de ce vent diffèrent selon que celui qui tente d’en expliquer les causes est un tenant de Qsorr ou de Xorr.

 

Les premiers disent que les deux lunes se font la guerre. Les qsorristes estiment qu’elles cherchent à se soumettre à Qsorr, en le reconnaissant comme étant le seul astre qui mérite une adoration profonde. Elles se battent pour savoir laquelle des deux aura le droit d’être sa favorite. Ainsi, les partisans de Xorr ne sont donc que des paillassons sur lesquels ils ont le droit de s’essuyer à tout moment.

 

De l’autre côté, les adorateurs de Xorr pensent que les lunes copulent joyeusement, car elles ne se retrouvent pas si souvent que ça. C’est l’occasion de faire des orgies, si possible avec quelques uns des fervents qsorristes pour ajouter un peu d’épices à leurs ébats.

 

Toutes ces discussions menées par la demi-douzaine d’olibrius hallucinés que comporte Qarwann, représentant chacun leur secte, me passent largement au-dessus de la tête. Je crois que c’est aussi le cas pour tous les autres habitants de Qarwann. Pour nous autres, c’est comme ça depuis toujours et nous ne cherchons pas à savoir pourquoi.

 

Les seuls moments sympathiques sont quand ils se retrouvent par hasard ou par erreur, je n’imagine pas un seul instant que ce soit intentionnel, chez Latuynn. Les débats peuvent alors s’animer avec une intensité que seule l’arrivée du guet parvient à arrêter.

 

*     *     *

 

D’habitude, nous sommes à l’abri derrière les murailles de Qarwann. Le vent n’est alors qu’une légère brise qui soulève les robes des filles. Un des jeux favoris des garçons consiste à emmener les filles sur les remparts, si possible du côté de la Porte du Midi, et admirer leurs jambes et plus si le Qzurr y met du sien… De leur côté, les filles trichent en lestant le bas de leur robe avec des cailloux qu’elles glissent dans leur ourlet. Je trouve leur démarche parfaitement honteuse.

 

La seule qui triche dans l'autre sens, c'est ce laideron d’Owenn, cette boule à tête, à pattes et à bras velus aussi haute que large. Elle profite toujours du Qzurr pour mettre une robe en tulle et monter sur les remparts dès qu'elle m'aperçoit.

 

– Lly-inn, je suis là. Coucou !

– …

– Tu me vois, mon petit Llynnamour chéri ? Je suis là-haut sur les remparts ! Coucou ! Lève donc la tête mon Llynnosor préféré. Coucou !

– …

– Viens admirer ma dernière robe mon petit Llynnou adoré. Je l’ai mise exprès pour te faire plaisir, mon petit Llynnouchon de mon cœur ! Coucou ! Je suis sûre que tu seras ravi d’admirer mes jolies jambes, mon Llynnouroudoudou. Je les ai épilées il y a quelques Xorr et je les ai huilées pour qu’elles brillent. Tu les vois mon Llynngnagnan ? Coucou !

 

Ses jambes sont tellement huilées qu’elles en ruissellent. Ça dégouline. Beurk ! Je file dans la direction opposée en espérant que personne n'ait remarqué son manège. Il ne faudrait pas que quiconque se dise qu'il y a quelque chose entre Owenn et moi. Quelle honte...

 

Je suis sûr que, quand Owenn était dans son berceau, les deux fées Beauté et Intelligence se sont penchées successivement sur elle.

 

– Ma mignonne Owenn, si tu veux être aussi belle que moi, si tu veux que les hommes succombent dès leur premier regard sur toi, choisis-moi pour marraine.

– Ma petite Owenn, si tu souhaites que les hommes ne pensent qu’à toi, que les grimoires et les connaissances n’aient plus de secrets pour toi, choisis-moi pour marraine.

 

Elles lui ont dit de réfléchir car il fallait qu’elle n’en choisisse qu’une. Owenn a donc réfléchi longtemps. Il est normal qu’elle fasse preuve d’indécision. Quand elle eût arrêté son choix, les deux fées étaient parties depuis belle lurette…

 

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